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Depuis l’Antiquité, plusieurs théories ont tenté d’expliquer ce qu’est le bonheur. Mais aucune ne parvient à le définir dans sa globalité, en tenant compte de ses dimensions subjectives et objectives.

Les philosophes de l’Antiquité se définissaient volontiers comme des médecins de l’âme. De même que les médecins traitent l’organisme pour qu’il soit en bonne santé, les philosophes soignent l’âme pour qu’elle soit heureuse. Peu de philosophes modernes se présenteraient comme des thérapeutes ouvrant les portes du bonheur. Ils ont abandonné cet aspect pratique aux psychologues, aux psychiatres et aux sages pour se consacrer aux questions théoriques. Toutefois, ils n’ont pas cessé de s’interroger sur la nature du bonheur.

Dans la vie, certains événements sont « bons » et d’autres « mauvais ». On obtient une promotion, on savoure une glace en regardant un feu d’artifice, on a de vrais amis. Tout cela est bon. On tombe malade, on se sent triste, on est rejeté par quelqu’un qu’on aime. Tout cela est mauvais. Ces événements heureux et malheureux peuvent se succéder. Ils peuvent partiellement se compenser et, selon les cas, rendre heureux ou malheureux. Le bonheur, au sens où les philosophes l’entendent, c’est la condition qui est la meilleure pour sa vie « prise dans sa globalité ».

Pour rendre cette notion plus concrète, imaginez un instant qu’un « génie » vous présente tous les cours que pourrait suivre votre vie, et prenne soin de vous en révéler tous les aspects pertinents (vos sentiments, désirs, réussites, échecs, etc.). Savoir ce qu’est le bonheur vous permettrait de choisir le meilleur de ces scénarios et de comprendre en quoi il est supérieur aux autres. Il vous serait alors facile d’éliminer certains scénarios – une vie de douleurs et de frustrations, une vie absolument solitaire, une vie d’esclave, etc. –, mais la décision finale ne serait pas facile à prendre. Depuis l’Antiquité, les philosophes ont proposé trois grandes théories censées caractériser le bonheur et nous aider à opter pour la meilleure vie. Nous allons les présenter et définir celles proposées aujourd’hui.

La première théorie, peut-être la plus naturelle, assimile le bonheur à une certaine quantité de plaisir et à l’absence de douleur. Il s’agit de la théorie hédoniste du bonheur (hédon signifie plaisir en grec). Le philosophe grec Épicure (vers – 341 à – 270) avait noté la propension des hommes à se précipiter vers des choses qui ne les satisfont pas.

On recherche les honneurs ou l’argent, le pouvoir, la passion amoureuse ou la réplétion. On finit anxieux et dégoûté. A contrario, il avait remarqué comment les « créatures » que la société n’a pas encore « gauchies », les enfants et les animaux, semblent ne poursuivre que le plaisir et l’absence de peines. Il proposait de suivre leur exemple.

Peu de penseurs après Épicure ont pris la peine de défendre cette théorie hédoniste avec des arguments, tant elle peut sembler évidente. Après tout, on sait tous que le plaisir vaut mieux que la douleur, et il semble impossible d’être heureux si l’on souffre trop. Les douleurs physiques, par exemple, peuvent gâcher la vie. La théorie hédoniste n’a jamais vraiment disparu, mais elle a connu un nouvel essor au XIXe siècle chez les philosophes anglais que l’on dit utilitaristes. Très intéressés par la question du bien commun, ils furent les premiers à proposer une théorie du bonheur collectif. Ils assimilaient le bonheur individuel à la quantité de plaisir net (c’est-à-dire la quantité de plaisir diminuée de la quantité de douleur) ressentie par un individu. Le bonheur collectif correspondait à la somme du bonheur des individus composant la société.

Des plaisirs qui ne rendent pas heureux

cp hs14 bonheur phil02Toutefois, quel que soit son caractère intuitif, l’hédonisme paraît incompatible avec le fait suivant : certains plaisirs ne rendent pas plus heureux et certaines peines ne rendent pas plus malheureux. Cela ne vaut pas seulement pour le masochiste et l’ascète, qui trouvent leur contentement dans la douleur ou l’absence de plaisirs physiques. Un individu peut par exemple aimer la douleur des courbatures et ne rien faire pour l’éviter. A contrario, certains plaisirs lui sont indifférents. On raconte que Freud, sur son lit de mort, préféra refuser la morphine et s’exposer à de terribles douleurs pour pouvoir continuer à penser clairement.

Une telle option est en opposition avec les aspirations de l’hédoniste, mais elle ne paraît pas irrationnelle pour autant. Pour prendre en compte cette objection, l’hédoniste peut chercher à définir le bonheur en termes de joie (plutôt que de plaisir) et de tristesse (plutôt que de douleur). Par exemple, les sensations douloureuses procurent de la joie au masochiste : voilà pourquoi il peut être heureux avec elles. Et Freud trouve plus de joie dans l’activité de penser qu’il ne s’afflige de ses douleurs physiques.

Alors que le plaisir et la douleur sont des sensations, la joie et la tristesse peuvent être considérées comme des réactions émotionnelles positives et négatives ou comme des attitudes (apprécier ou ne pas apprécier). Les sensations et les attitudes sont découplées : par exemple, certaines sensations négatives, telles celles que l’on éprouve quand on a des courbatures, peuvent provoquer des émotions positives et être appréciées. Le plus influent défenseur contemporain de l’hédonisme, Fred Feldman, à l’Université du Massachusetts, identifie par exemple le bonheur à une certaine quantité de joie, plutôt que de plaisir, et définit celle-ci en termes d’attitude : être heureux, c’est apprécier ce que nous faisons et ce qui nous arrive. F. Feldman parle d’ »  hédonisme de l’attitude ».

La machine à expériences

Cependant, une difficulté plus profonde menace l’hédonisme. Le philosophe grec Platon faisait remarquer qu’un homme qui mènerait une vie « d’éponge » – on dirait aujourd’hui de « légume » – ne serait pas heureux même s’il éprouvait beaucoup de plaisir et de joie. Dans le même ordre d’idée, le philosophe américain Robert Nozick (1938-2002) a imaginé le scénario suivant : un savant a inventé une machine qui, lorsque vous vous y connectez, vous procure l’illusion d’une vie parfaite ; vous y vivrez jusqu’à votre mort les expériences que vous avez toujours rêvé de réaliser, autant de joie et aussi peu de tristesse que vous pouvez le souhaiter ; vous écrirez un roman à succès ; vous deviendrez astronaute, etc. Nozick remarque que si quelqu’un nous proposait de nous connecter à une telle « machine à expériences », et même si nos proches pouvaient être associés à l’entreprise, la plupart refuserait.

Cela suggère que le bonheur n’est pas seulement une affaire d’expérience, de plaisir ou de joie. La vérité et l’authenticité sont des ingrédients indispensables. On ne veut pas simplement, par exemple, avoir l’impression d’avoir des amis, on veut vraiment en avoir. Une seconde leçon que l’on peut tirer de ce scénario, c’est que le bonheur n’est pas qu’un état psychique : être heureux, ce n’est pas seulement se sentir bien, c’est être bien.

Le bonheur philosophique

Ces deux expressions ne sont pas synonymes et le terme même de bonheur est ambigu. Aujourd’hui, beaucoup de psychologues notamment parlent du bonheur pour désigner un état psychique, défini de façon interne : un état que l’on pourrait atteindre dans la machine à expériences, défini par ce qui advient « dans la tête ». Il faut cependant bien distinguer ce sens du mot « bonheur » de celui que nous lui avons donné jusqu’ici. Le bonheur tout court, ou, pour lui donner un nom, le « bonheur philosophique », désigne une valeur, un optimum, que l’on doit rechercher si l’on est rationnel ; on pourrait aussi parler de « bonne vie » ou d’ »  épanouissement personnel ». Quant au bonheur psychique, il désigne un état mental ou un état de « bien-être » ; c’est le fait de se sentir bien.

Certes, bonheur psychique et bonheur philosophique sont liés. Le premier naît normalement de l’impression d’avoir une bonne vie, d’être heureux au sens philosophique. Par ailleurs, on ne peut pas avoir une bonne vie si l’on ne se sent pas bien. Par conséquent, le bonheur philosophique requiert le bonheur psychique. Cependant, l’argument de la machine à expériences montre que le premier ne se réduit pas au second : dans la machine à expériences, ma vie ne serait pas bonne, mais j’aurais l’impression qu’elle l’est. Je serais heureux au sens psychique, pas au sens philosophique.

Les problèmes rencontrés par l’hédonisme ont remis au goût du jour une conception du bonheur alternative que l’on trouve exposée pour la première fois dans un dialogue de Platon, qui oppose le philosophe grec Socrate au philosophe et sophiste grec Gorgias. Être heureux, dit Gorgias, c’est tout simplement obtenir ce que l’on veut. C’est satisfaire ses désirs. Socrate lui répond qu’on ne dirait pas d’un homme qui désire uniquement se gratter et qui a la chance de pouvoir s’y adonner tout son soûl, qu’il est heureux ! C’est que le désir de se gratter – comme peut-être le désir de fumer, pour prendre un exemple plus significatif – n’est souvent pas un désir que l’on souhaite satisfaire. Le problème vient du fait que les désirs sont souvent en conflit les uns avec les autres. « Je désire sortir ce soir, mais je désire finir cet article ; je désire fumer, mais je ne désire pas désirer fumer ; etc. »

Satisfaire ses désirs

Si le bonheur consiste en la satisfaction du désir, il faut imposer une condition qui puisse rendre ses désirs cohérents : on a révisé et organisé ses désirs pour qu’ils ne se contredisent plus. Et il est aussi nécessaire de tenir ses désirs « informés » ; si je désire partir en vacances au Bahamas, parce que j’ignore qu’un terrible ouragan s’y prépare, je serai plus heureux si je ne satisfais pas ce désir.

La théorie du bonheur comme satisfaction des désirs cohérents et informés – que l’on peut nommer la théorie des désirs rationnels – présente un autre avantage par rapport à cp hs14 bonheur phil03l’hédonisme, ce qui explique en partie qu’elle soit aujourd’hui plus populaire. En effet, s’il est difficile de mesurer et de comparer le plaisir ou la joie éprouvée par les individus, il est plus facile de savoir quand leurs désirs sont satisfaits. L’un des premiers économistes modernes à s’intéresser au bonheur, Arthur Pigou (1877-1959), a proposé de mesurer l’intensité d’un désir par l’argent que l’on est prêt à dépenser pour le satisfaire. Cette quantité d’argent dépensée lui a permis d’évaluer les désirs satisfaits et leur importance. Ainsi, il a assimilé le bonheur d’une personne à sa consommation, et les progrès du bonheur collectif à la croissance économique. Il espérait ainsi mettre en place des mesures visant à favoriser le bonheur, mais malheureusement cela s’est révélé inefficace…

En effet, après la guerre, l’Europe et les États-Unis ont connu plus de 20 ans de croissance ininterrompue. Cependant, les individus ne semblaient pas plus heureux. Le nombre de suicides ne diminuait pas. La consommation de psychotropes augmentait constamment ; et les gens ne se disaient pas plus heureux qu’avant. Par ailleurs, certains chercheurs ont remarqué que la théorie de la satisfaction des désirs souffrait d’un problème un peu semblable à celui rendant l’hédonisme intenable. Les désirs peuvent parfois s’adapter : une personne vivant dans la misère et l’oppression peut avoir des désirs très modestes et se satisfaire de sa piètre situation.

Dans les cas extrêmes, on peut imaginer qu’un individu en vienne, suite à des circonstances extérieures, à adopter des désirs qui ne reflètent en rien sa personnalité. Ces désirs pourraient être rationnels et satisfaits, sans que l’on soit pour autant tenté d’affirmer que la personne ait trouvé le bonheur. Imaginez par exemple un esclave qui a abandonné tous ses rêves de liberté et dont les maigres souhaits qui lui restent sont exaucés. Dirait-on qu’il est heureux ? Cette objection dite de l’ »  esclave heureux » repose sur le fait que la satisfaction d’un désir rationnel ne peut contribuer au bonheur que si celui-ci est « authentique » au sens (difficile à préciser) où il reflète la vraie personnalité de l’individu et où il ne lui a pas été clairement imposé de l’extérieur.

« L’esclave heureux »

L’économiste indien Amartya Sen, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 1998, a mis en avant cette objection de l’esclave heureux. Il cherchait à évaluer le bonheur de certaines populations et s’inquiétait de l’inadéquation des mesures dites subjectives. En effet, si l’on demande aux sujets s’ils sont satisfaits de leur vie pour savoir s’ils sont heureux, on risque de considérer comme heureux des sujets qui ne le sont pas vraiment, mais dont des souhaits peu authentiques ont été exaucés.

Avec la philosophe américaine Martha Nussbaum, il a proposé une théorie du bonheur dite de la liste objective, théorie associée à une mesure objective du bonheur : la vie est globalement bonne pour une personne dans la mesure où elle inclut un certain nombre de paramètres qui sont objectivement bons. Selon eux, il s’agit de ce qui rend la vie pleinement humaine. Ce sont des « capacités fonctionnelles humaines de base », par exemple la santé et l’intégrité corporelle, la capacité de percevoir, imaginer et penser, de ressentir des émotions, de délibérer pour planifier ses actions. S’y ajoutent la capacité de vivre pour autrui et avec autrui, de disposer des fondements sociaux du respect de soi ; la capacité d’entrer en contact avec d’autres espèces, de jouer et de contrôler son environnement social en prenant part aux choix politiques, matériel en devenant propriétaire et en travaillant, etc.

La théorie de la liste objective, que l’on peut rattacher sommairement au philosophe grec Aristote, a eu une grande influence. Elle semble cependant présenter une difficulté à laquelle les théories précédentes échappaient. On sait en quoi satisfaire un de ses désirs est bon pour soi : c’est parce qu’on désire le satisfaire. On sait aussi pourquoi éprouver du plaisir ou au moins de la joie est bon pour soi. Mais pourquoi satisfaire les items de la liste objective serait-il bon pour soi ? Parce qu’ils signifient que l’on est alors pleinement humain ? Mais pourquoi seraitil bon pour soi d’être pleinement humain ? La théorie de la liste objective n’offre pas de réponse à cette question.

Dimensions subjectives et objectives du bonheur

cp hs14 bonheur phil04Même si le bonheur impose certaines contraintes objectives d’authenticité, comme le rappellent les arguments de la machine à expériences et de l’esclave heureux, il semble composé d’une dimension subjective que l’on ne peut pas éliminer. Le bonheur, c’est la condition d’une vie qui est bonne pour soi. En cela, il se distingue d’autres valeurs que l’on peut attribuer à une vie : la vie d’un homme peut avoir une grande valeur esthétique (peut-être qu’elle se prêterait bien à une représentation littéraire ou artistique), elle peut avoir une valeur morale (songez à la vie d’un saint), elle peut aussi incarner une sorte de perfection (et représenter le prototype d’une vie humaine)… Mais tout cela n’est pas nécessairement compatible avec le fait que cette vie, aussi belle ou aussi exemplaire soitelle, est bonne pour celui qui la vit. Un lien essentiel existe entre le bonheur et son sujet ; la théorie de la liste objective le néglige.

Le défi de la caractérisation du bonheur consiste à prendre en compte cette dimension subjective du bonheur, sans pour autant négliger les contraintes objectives d’authenticité auxquelles il est soumis. En 1996, Wayne Sumner, philosophe à l’Université de Toronto au Canada, a proposé une façon élégante de relever ce défi. Nommons, comme précédemment, bonheur psychique l’état mental de celui qui se sent heureux (une personne dans la machine à expériences pourrait être heureuse en ce sens). W. Sumner a défendu l’idée que le bonheur philosophique est simplement le bonheur psychique lorsqu’il est obtenu de façon authentique.

Ainsi, une personne est heureuse quand elle se sent bien et que les raisons pour lesquelles elle se sent bien ne menacent pas l’authenticité de son bonheur. Par exemple, il ne faudra pas qu’elle se sente bien simplement du fait d’une illusion plaisante, comme dans le cas de la machine à expériences. Il ne faudra pas non plus qu’elle se sente bien uniquement parce qu’elle a abandonné ses désirs pour des désirs inauthentiques, comme dans le cas de l’esclave heureux. Il faudra qu’elle se sente bien en restant fidèle à elle-même et sans être excessivement dupée quant à sa situation.

Le bonheur psychique authentique

Cette théorie du bonheur impose que le bonheur psychique soit authentique. Longtemps délaissé par les philosophes, le bonheur psychique a suscité de nombreux travaux récents, en réaction notamment au développement de la psychologie positive. En général, les psychologues mesurent le bonheur psychique d’une personne en évaluant la proportion de ses « affects » positifs ou en lui demandant si elle est globalement satisfaite de sa vie.

Beaucoup de philosophes considèrent que même si la quantité de joie ne saurait être identifiée au bonheur philosophique, elle peut cependant être assimilée au bonheur psychique. Si cette conception hédoniste du bonheur psychique est correcte, alors la connaissance des affects du sujet permet de mesurer directement son bonheur psychique.

Toutefois, des philosophes ont fait valoir que le bonheur d’une personne n’est pas un état passager indépendant du passé, comme peuvent l’être certains états affectifs, mais un état qui reflète la vie d’une personne dans son ensemble : une personne peut être heureuse au sens psychique même lorsqu’elle ressent des affects négatifs, pour peu qu’elle soit globalement satisfaite de sa vie. Ils proposent donc de caractériser le bonheur en termes de « satisfaction globale ».

En 2008, Dan Haybron, professeur associé de philosophie à l’Université Saint Louis aux États-Unis, a montré que l’on pouvait prendre en compte la dimension globale du bonheur psychique sans renoncer à le définir en termes d’affects. En effet, on peut distinguer deux types d’émotions ou d’humeurs : certaines superficielles et labiles ; d’autres plus profondes, plus ancrées, en arrière-plan des premières. Songez par exemple à l’anxiété ou à la dépression. D. Haybron a montré que le bonheur psychique peut être assimilé au caractère positif des émotions profondes. Comme le bonheur psychique est lié aux émotions profondes et non aux émotions superficielles, il conserve un caractère stable et global, ainsi qu’une certaine indépendance vis-à-vis des contingences affectives. Il n’implique pas forcément des cris de joie ou un visage souriant. Il s’agit juste d’avoir des émotions profondes positives, le contraire de la dépression et des troubles anxieux.

Le bien-être émotionnel

Cette théorie du bonheur psychique comme « bien-être émotionnel » a le mérite de nous aider à analyser le bonheur psychique de façon bien plus précise que les autres théories. D. Haybron montre comment décomposer nos réactions émotionnelles face à notre vie en trois facteurs : approbation, intervention, harmonisation. Les réponses émotionnelles positives d’approbation correspondent au sentiment de joie, et celles d’intervention au sentiment de passion, de vitalité et d’exubérance (s’opposant à la dépression). Cette dimension diffère de la première, car nous pouvons nous sentir pleins de vitalité même quand des circonstances défavorables tendent à nous attrister. La dernière dimension de la réaction émotionnelle correspond à l’opposition entre l’anxiété et le sentiment de calme.

De façon intéressante, ces trois dimensions renvoient à des formes de bien-être qui ont toutes trouvé leurs défenseurs dans l’histoire de la philosophie. Par exemple, le philosophe présocratique Démocrite, à qui l’on attribuait un rire quasi permanent, serait une figure de l’approbation. Aristote ou le mythique Dyonysos, tel que Nietzsche l’a représenté, peuvent être considérés comme des adeptes de l’intervention. Les stoïciens, quant à eux, caractérisaient l’homme heureux par son « égalité d’âme » et son harmonie avec le monde.

Bibliographie

  • M. Nussbaum, Capabilités : Comment créer les conditions d’un monde plus juste ?, Flammarion, 2012.
  • F. Feldman, What is this Thing Called Happiness, Oxford Scholarship Online, 2010.
  • D. Haybron, The Pursuit of Unhappiness : The Elusive Psychology of Well-Being, Oxford University Press, 2008.
  • D. Gilbert, Et si le bonheur vous tombait dessus, Robert Laffont, 2007.
  • W. Sumner, Welfare, Happiness and Ethics, Oxford University Press, 1996.

Références

  • Article paru dans la revue Cerveau & Psycho, L’essentiel N°14 mai-juillet 2013. www.cerveauetpsycho.fr
  • Auteur de l’article : Alexandre Billon. Il est philosophe, maître de conférences à l’Université Lille III et chercheur au Laboratoire Savoirs, textes, langage (UMR 8163 – CNRS – Universités de Lille).

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